Le P’tit journal des Passionnés

Dans ce roman parfaitement construit, qui ménage le suspense jusqu’à la dernière page, Jan van Mersbergen évoque une rencontre étonnante entre deux hommes que rien ne rapproche. Sa description de la rituelle course de Pampelune, une sorte de jeu archaïque avec la vie et la mort, lui permet non seulement de nous offrir des pages hautement dramatiques, mais aussi de se livrer à une réflexion subtile sur la place de la violence dans nos vies.

Culture, magazine culturel de l’Université de Liège

Sa vie de boxeur, avec ses combats parfois douteux, une histoire d’amour qui tourne mal, un drame de la jalousie. C’est le portrait d’un homme fragile, confronté à un monde de compromissions peut-être pas fait pour lui, que décrit ce quatrième roman (et premier traduit en français) construit comme un suspense d’un homme de théâtre. Un récit alterné et croisé : à la déconstruction de tout ce en quoi croyait Danny, répond la construction d’une amitié avec le chauffeur de la voiture. (Michel Paquot)

Télérama

Image : un homme court dans la ville. Il fonce dans un décor urbain sans le voir, sans but. Il court comme pour échapper à l’impossible. Dans sa tête, des souvenirs, des bruits, un direct du gauche, ses tympans qui grésillent. Il frappe, encore. L’homme est boxeur. Dany est son nom. Il traverse Amsterdam en tenue de ring, ne sent pas la pluie qui le lave de sa sueur, de sa peur, de sa colère. En à peine quelques lignes frénétiques, courtes, aussi haletantes que le souffle du fuyard, Jan van Mersbergen installe l’insolite, un mystère, un danger. Arrêt sur image : Dany, ruisselant, exténué, est pris – presque malgré lui – en stop par un type, Robert. Chauffeur et coureur vont faire connaissance dans une voiture qui roule à cent à l’heure – rythme toujours frénétique. Robert conduit vite et cause beaucoup. Il dit aller à Pampelune. Lui a un but : se perdre parmi les taureaux lâchés dans les rues, une fois par an, c’est son pèlerinage, «un lieu où laver ses péchés». Dany reste mutique, comme emporté par une trop grande douleur. Des Pays-Bas à l’Espagne, d’Amsterdam à Pampelune, ce roman en forme de course-poursuite n’est en réalité qu’une mise à nu d’âmes chamboulées. Tout sépare les deux hommes, tout les rapproche. On se sait qui, de Dany ou de Robert, est l’ange ou le démon, l’innocent ou le fou. Le Néerlandais Jan van Mersbergen, pour la première fois traduit en français, alterne avec force dialogues et silences et raconte une histoire de tous les temps, pas moins que l’éternel combat entre la vie et la mort. Il fait dire à l’un de ses personnages – chauffeur ou boxeur : «Le danger, c’est la vraie vie.» **** (Martine Laval)

Le Monde

Il y a plus façons d’evoquer la violence. Celle de Jan van Mersbergen est subtile. Elle évolue d’un voyage à deux, calme et silencieux, à son expression la plus animale et agressive. A la sortie d’Amsterdam, Robert prend en stop un homme en tenue de boxeur visiblement bouleversé par un événement récent. Il s’appelle Danny, accepte les vêtements qui lui sont proposés, et veut bien aller à Pampelune, où Robert participe tous les ans au lâcher de taureaux. Sur la route, la pensée de Danny est fixée sur une jeune Thaïlandaise qu’il a connue dans le milieu de la boxe. A Pampelune, il est avec Robert devant les taureaux, et pourtant, chacun a sa propre raison de se livrer à ce qui est moins un jeu qu’un défi à la mort. Jusqu’à la fin, l’auteur joue d’un suspence parfaitement maîtrisé. On est saisi par cet échange entre deux êtres que rien ne destinait à se connaître. (P.-R.L.)

Zone littéraire

Mais la force de ce roman tient justement à ce qu’il n’est pas naïvement psychologisant. Aucune explication évidente, aucun discours lourdement assené n’est délivré. La destination – Pampelune – n’a pas tant d’importance que les étapes qui y mènent. Les espaces intermédiaires et interlopes concrétisés par les aires d’autoroutes, lieux de passages, ou s’exacerbe une certaine mysogynie, constituent autant de lueurs dans la compréhension d’eux-mêmes pour les protagonistes et de clefs de lecture vers une résolution dramatique. Aussi l’exercice courant consistant à catégoriser à tout prix le livre que l’on tient entre les mains est-il particulièrement ardu dans le cas de Demain, à Pampelune qui tient autant du roman psychologique que du polar ou de l’étude mœurs. Et c’est tant mieux. Car on peut ne pas être fanatique ou amateur de boxe ni de tauromachie, on ne saurait détourner le regard de ces hommes dont la force et l’indépendance n’est qu’apparente. Détrônant le boxeur de son piédestal de colosse et brisant la carapace autoritaire du père de famille, Jan van Mersbergen révèle autant la part animale tapie en chacun de nous, prête à ressurgir plus souvent qu’on ne le soupçonne, que la fragilité profonde de l’être humain. (Laurens Bourgeon)

Euranet

Un roman palpitant ou le rituel des courses de taureaux, vu par un néerlandais, sert de support à une réflexion sur l’amité et la violence. (Maya Szymanowska)

Le Matricule des Anges

Los toros, et l’univers qui tourne autour de leurs cornes, sont à la mode. Une littérature existe. Parfois talentueuse. Souvent simplement exotique, simplement pittoresque. Demain, à Pampelune n’est pas un novel avatar du genre. (…) Au fil des pages où le romancier maintient un suspence intact, écrit un réel cru, direct et offre une gamme de dialogues efficaces, le lecteur trouve sa résponse. Il vit avec Danny, ses poings, sa révolte, sa jalousie, avec Ragna, la jeune Thaïlandaise qu’il bat un jour violemment avant partir pour Pampelune, et là-bas, soudain s’arrêter quand le monstre brun aux yeux noirs fonce sur lui. (Serge Airoldi)

Jan van Mersbergen